Cagnottes : avons-nous perdu le plaisir d’offrir ?

Anniversaires, crémaillères, pots de départ… Créer une cagnotte en ligne à la moindre occasion est devenu un réflexe. Finie l’époque où l’on arrivait avec son petit paquet soigneusement emballé. Désormais, des dizaines de personnes peuvent participer à une collecte pour financer l’achat d’un plus gros (et plus beau) cadeau. Mais, finalement, une seule personne s’occupe vraiment du présent. Et cela finit de plus en plus en bon d’achat, en carte-cadeau ou en abonnements. Aurions-nous perdu le plaisir d’offrir ?

Comment oublier les fameux « goûters d’anniversaire » de notre enfance ? Tous les ingrédients du bonheur y étaient réunis : des gâteaux, des ballons de toutes les couleurs et des jeux en groupe. Mais surtout, les « cadeaux d’anniversaire ». C’était un rituel. Un passage obligé, mais aussi un plaisir. Pour l’acquérir et pour le vivre, il fallait passer des heures à se creuser la tête, à faire plusieurs magasins, à emballer le cadeau parfait puis à faire un beau noeud, bien lisse, bien centré. On y passait beaucoup de temps, mais à la fin, on était fier de le donner en main propre.

Au programme
  • La cagnotte s’est imposée
  • Sommes-nous donc devenus de mauvais amis ?
  • Vers un « plaisir d’offrir » d’un genre nouveau
On se souvient tous des goûters d'anniversaire de notre plus tendre enfance.

La cagnotte s’est imposée

Quelques années plus tard, on se retrouve dans le flot de la vie adulte : on a de moins en moins de temps pour soi (encore moins pour les autres), les magasins sont bondés le week-end et, il faut le reconnaître, trouver une idée de cadeau devient un vrai casse-tête. Quand on était petit, c’était facile : n’importe quel jouet suffisait à faire un bon cadeau d’anniversaire. Mais en grandissant, nos goûts s’affinent et il est souvent difficile de savoir ce qui ferait vraiment plaisir à un(e) ami(e).

Internet ayant dématérialisé tous nos échanges : on prend l’habitude de tout faire en ligne. Alors, plutôt que de passer des heures à faire cinquante magasins, à arpenter des kilomètres de rayons, et même à parcourir des dizaines de sites Internet afin de trouver le cadeau idéal, on préfère déposer de l’argent sur une cagnotte en ligne. Et c’est bien normal : c’est simple, c’est rapide, c’est sécurisé, et on se décharge d’une lourde responsabilité.

Et puis, à l’image de la « quête » à la sortie de l’église qui existe depuis des siècles, avec la cagnotte, on achète aussi sa bonne conscience. Pas le temps ? Un petit clic, on entre son numéro de carte bancaire, et on peut se rendre à la soirée d’anniversaire l’esprit tranquille.

Sommes-nous donc devenus de mauvais amis ?

Ce n’est pas parce qu’on choisit la facilité par manque de temps qu’on est de mauvais amis. Entre nous, on peut trouver tout un tas d’arguments pour s’en défendre :

Oui, la cagnotte, c’est bien mieux qu’un cadeau « personnel »

  • Le « rituel social » est le même. Quand on célèbre un événement comme un anniversaire, finalement, c’est l’intention qui compte. Qu’on offre un cadeau ou de l’argent, tout seul ou à plusieurs : au fond, ce qui importe, ce n’est pas d’avoir passé 5 heures à trouver une idée de cadeau, c’est d’avoir participé.
  • Il n’y a pas de jaloux. Le cadeau acheté avec l’argent d’une cagnotte est une oeuvre collective , tout le monde en partage la responsabilité. Et si le cadeau plaît, tout le monde est content. Et ça, ça n’a pas de prix.
  • C’est bien mieux qu’un cadeau impersonnel. Quand on manque d’idées, on achète généralement une bouteille de vin, un bouquet de fleurs ou une Smartbox. Rien de très original. Mieux vaut combiner ses forces pour trouver et acheter un beau cadeau, qui marquera vraiment l’esprit de notre ami(e).

Mais, au fond, ça peut être moins bien qu’un cadeau personnel…

  • On perd de l’argent. La plupart des services (comme Leetchi ou Lepotcommun) facturent une commission allant jusqu’à 4% sur le montant collecté au moment de transférer l’argent de la collecte vers son compte bancaire. C’est l’équivalent de 20 € pour une cagnotte de 500 €. Une somme qu’on pourrait dépenser pour acheter un cadeau supplémentaire.
  • On perd du temps. Si on ne veut pas se retrouver à avancer l’argent, il faut clore la cagnotte au moins 3 jours avant d’acheter les cadeaux (le temps d’un virement bancaire) pour être sûr de les avoir à temps. Et si le cadeau s’achète sur Internet, il faut rajouter les délais de livraison ! Pas facile quand on a des amis qui ont l’habitude de participer à la dernière minute (et on en connaît tous !).
  • L’organisateur de la cagnotte a une trop lourde responsabilité. Quand on organise une cagnotte, on est une sorte de héros qui se sacrifie pour le groupe. Organiser la cagnotte n’est que le début d’un long chemin de croix. Il faut ensuite relancer les participants, trouver des idées de cadeaux puis courir les acheter et, enfin, les emballer et les amener à l’anniversaire. Cela fait beaucoup de responsabilités pour une seule personne.

Vers un « plaisir d’offrir » d’un genre nouveau

Finalement, si la cagnotte n’a pas changé le concept d’anniversaire ni de cadeau, elle a certainement changé les rapports humains lors de ces événements. En voulant s’acheter du temps et de la bonne conscience, on a perdu un peu de plaisir d’offrir. On n’a plus vraiment ce sourire et ce regard intime qu’on avait au moment de remettre notre cadeau, avec un mélange intense de sentiments, comme la peur de décevoir, et l’excitation de se démarquer.

Pour retrouver cette relation unique, nous sommes toutefois convaincus que la cagnotte doit devenir une expérience de partage et d’émulation collective. Ce devrait être un moment où l’on réussit quelque chose d’incroyable, en équipe, et dont on garde un bon souvenir. Un « plaisir d’offrir » d’un genre nouveau. Pas seulement une enveloppe « numérique » dans laquelle on met de l’argent pour se débarrasser du sujet rapidement.

Chez Lydia, on a donc travaillé dur pour créer un nouveau service de cagnotte pleinement collaboratif et adapté à notre époque. Et on en est extrêmement fiers !

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